L’Instituto Bernabeu conçoit une technique innovante qui permet de sélectionner les spermatozoïdes les plus valables pour le processus de fécondation in vitro
21-11-2023
- La sélection des meilleurs spermatozoïdes augmente le taux de réussite des processus de fécondation in vitro.
- Ces cellules agissent naturellement comme une barrière physique qui sélectionne les spermatozoïdes dont la morphologie, la mobilité et l’intégrité de l’ADN sont meilleures dans l’environnement naturel.
- Cette méthode réduit la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes de 75% et permet d’augmenter de 60 à 70% la production d’embryons de haute qualité.
- Le projet a reçu le Prix de l’Innovation lors du congrès ASEBIR 2023.
L’équipe de chercheurs de l’Instituto Bernabeu, dirigée par le Dr Jorge Ten, directeur du laboratoire d’embryologie du Groupe Instituto Bernabeu, a mis au point une plaque de sélection innovante qui utilise les cellules de la granulosa du patient pour trouver les spermatozoïdes de la meilleure qualité et augmenter ainsi les taux de réussite des processus de fécondation in vitro. « Les cellules de la granulosa sont très importantes et sont normalement éliminées dans les cycles de procréation assistée », explique le Dr Ten.
Ces cellules agissent naturellement comme une barrière physique qui sélectionne les spermatozoïdes dont la morphologie, la mobilité et l’intégrité de l’ADN sont meilleures dans l’environnement naturel. Cette nouvelle plaque de sélection fonctionne de la même manière que dans la nature, permettant aux spermatozoïdes d’entrer en contact avec la granulosa du patient. Ceux qui parviennent à traverser toutes les couches et à atteindre la fin sont les plus aptes. En fait, dans une autre étude, l’équipe a évalué la santé de l’ADN de ces spermatozoïdes et observé une diminution de 75 % de fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes, un processus normalement associé à une réduction des taux de fécondation et de grossesse.
Le dispositif est encore à l’étude, mais les résultats préliminaires ont montré une diminution significative de la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes et une augmentation de 60 à 70 % de la production d’embryons de haute qualité. « Ces résultats promettent des améliorations substantielles des taux de gestation, en particulier pour les couples présentant une fragmentation élevée de l’ADN des spermatozoïdes, bien qu’ils puissent être appliqués à tous les couples ayant recours à la FIV », a insisté le Dr Ten.
En revanche, les patients ne remarqueront aucun changement dans le processus de reproduction assistée, mais « les taux de gestation augmenteront en raison de la réduction des dommages subis par les spermatozoïdes », a expliqué le Dr Jorge Ten, qui assure que « lorsque toutes les phases de la recherche auront été achevées, elle pourra être appliquée dans la pratique clinique quotidienne ».
Le projet, baptisé “SUPERSPERM”, a débuté par une étude pilote menée en 2021 sur 1 000 ovocytes, au cours de laquelle il a été démontré que les spermatozoïdes sélectionnés par les cellules de la granulosa généraient des embryons de meilleure qualité. « À partir de là, nous avons constaté que les avantages étaient évidents et qu’ils pouvaient même augmenter les taux de gestation. C’est alors que nous avons décidé d’aller plus loin et de concevoir nous-mêmes une plaque homologuée permettant de réaliser cette technique de manière simple, reproductible et sûre », explique le docteur. Après deux prototypes, ils sont parvenus à la conception finale de la plaque, qui a été produite par la société danoise Sparmed. Cette plaque, composée de matériaux stérilisés pour les embryons, est divisée en deux sections : l’une dédiée à la micro-injection intracytoplasmique (ICSI) et l’autre avec des couloirs conçus pour le dépôt des cellules de la granulosa et des spermatozoïdes. Cette conception vise à minimiser les risques et à réduire l’utilisation du matériel de laboratoire.
Cette innovation fait partie d’une vaste étude dans laquelle des chercheurs des cliniques de l’Instituto Bernabeu de Madrid, Palma de Mallorca, Albacete et Alicante, ainsi que de l’Université autonome de Madrid, ont collaboré avec le Dr Jaime Gosalvez, professeur de génétique, qui a été chargé de déterminer la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes.
Le projet est également soutenu par le Centre pour le Développement Technologique et l’Innovation, qui fait partie du Ministère de la Science et de l’Innovation, et qui a accordé un soutien financier pour le développement du dispositif et une étude prospective randomisée pour le tester.
Prix de l’Innovation ASEBIR
Ce développement a remporté le Prix de l’Innovation du Congrès de l’Association pour l’Étude de la Biologie de la Reproduction (ASEBIR) 2023, « une reconnaissance de ce projet représente sans aucun doute une avancée importante dans l’étude de la fertilité », selon le Dr Ten.