Comment savoir si je suis fertile: Réserve ovarienne et santé reproductive
En Espagne, l’âge moyen auquel une femme peut tomber enceinte a augmenté progressivement au fil des ans, passant d’un âge moyen de 25,06 ans pour la naissance du premier enfant en 1980 à 31,57 ans en 2022 (données obtenues auprès de l’Institut National de la Statistique : INE). Ce retard dans la maternité est déterminé par différents facteurs sociaux et économiques. Aujourd’hui, être mère n’est plus une contrainte sociale, mais pour être mère, il faut avoir une stabilité économique, un développement professionnel adéquat, un partenaire stable, etc. Ainsi, lorsqu’une femme considère de fonder une famille, elle se confronte à un obstacle majeur : la diminution de la fertilité associée à l’âge, qui se traduit par une baisse de la réserve ovarienne et de la qualité des ovocytes et, en fin de compte, par une plus grande difficulté à obtenir une grossesse. Les femmes commencent leur âge fertile avec leurs premières règles, la période de fertilité maximale a été décrite autour de 20 ans et à partir de 30 ans, la fertilité pourrait être affectée, tandis qu’à partir de 35 ans, on observe une diminution significative de la fertilité ainsi qu’une augmentation du taux de fausses couches. Après 40 ans, la fertilité subit un déclin très important chez les femmes, en raison d’une diminution plus marquée de la réserve ovarienne et d’une augmentation des altérations génétiques pouvant entraîner une plus grande probabilité de fausses couches et d’altérations génétiques chez l’infant (syndrome de Down, Turner, Klinefelter, etc.). Après 43 ans, les chances d’obtenir une grossesse sont réduites à moins de 3 % et à 45 ans, avec ses propres ovules, les chances sont presque de 1 %. Dans l’infertilité masculine, l’âge ne semble pas être aussi déterminant que chez les femmes ; il pourrait y avoir une diminution de la qualité séminale à partir de 40 – 45 ans, bien qu’il n’y ait pas d’âge limite pour que les hommes puissent chercher une grossesse ou effectuer des techniques de procréation assistée.
L’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé reproductive comme « état de bienêtre physique, émotionnel, mental et social, ce n’est pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et ses processus. La santé reproductive implique donc la capacité d’avoir une vie sexuelle satisfaisante et sans danger, de se reproduire et la liberté de décider si, quand et à quelle fréquence on le fait. ». Par conséquent, tant les hommes que les femmes ont le droit d’être correctement informés des possibilités et/ou des méthodes qui existent pour connaître leur fonction reproductive, ainsi que des différents traitements qui existent pour parvenir à une grossesse lorsque leurs possibilités ont été affectées.
Certains marqueurs peuvent nous donner une idée de la fonction de reproduction chez les femmes, tels que :
Índice
Hormone Lutéinisante (LH) dans l’urine (Test d’ovulation)
Chez les femmes qui cherchent une grossesse, ce test est très utile car il détermine le moment où la femme a un pic d’hormone LH ; peu après, la femme ovulera (expulsion d’un ovocyte mûr dans les trompes), ce moment sera la période de fertilité maximale. Ce type de test est peu sensible car le pic de LH peut durer peu de temps, et le test peut donner un faux négatif si le pic est passé, c’est pourquoi il est recommandé d’effectuer le test au moins deux fois par jour. Toute altération de ces test (résultat positif ou négatif maintenu tout au long du cycle menstruel) doit faire l’objet d’une consultation auprès d’un gynécologue spécialisé afin de pouvoir relier ces changements à une éventuelle pathologie. Par exemple, syndrome des ovaires polykystiques, cycles anovulatoires, etc.
Indicateurs menstruels
Certains changements dans le cycle menstruel peuvent nous renseigner sur la santé reproductive d’une femme :
- La glaire cervicale : La quantité, la consistance et la texture de la glaire cervicale ou des sécrétions vaginales nous aident à déterminer les jours de plus grande fertilité (méthode Billings), c’est un test à domicile, c’est-à-dire qu’il peut être facilement réalisé chez soi ; pour cela, il est nécessaire d’observer les cycles précédents et de déterminer les variations de la glaire cervicale pendant la période menstruelle. Ces variations sont évocatrices de jours d’ovulation, car la glaire cervicale se modifie et, dans les jours précédant l’ovulation, elle est généralement claire, collante et filandreuse (étirée entre doigts). Cette période dure 4 à 5 jours et marque le début de la période où la grossesse a le plus de chances de se produire.
- Régularité, durée et volume : Le cycle menstruel d’une femme dure généralement de 3 à 5 jours et se produit tous les 21 et 35 jours (règles régulières). Cette période menstruelle peut varier en durée (moins de 2 jours ou plus de 8 jours) et en régularité, avec des cycles plus courts ou plus longs (moins de 21 jours ou plus de 35 jours respectivement), on parle alors de cycle menstruel irrégulier. Les causes de ces variations sont multiples : stress élevé, exercice physique intense, changement des habitudes alimentaires, perte de poids excessive ; elles peuvent également être associées à la prise de certains médicaments, au syndrome des ovaires polykystiques, á des maladies thyroïdiennes, à des changements hormonaux, entre autres. Ces variations du cycle menstruel peuvent entraîner des altérations de l’ovulation et donc une infertilité féminine. Il est donc très important de consulter votre médecin pour déterminer la cause de ces altérations du cycle menstruel.
- Douleurs menstruelles : Les douleurs utérines/pelviennes qui surviennent lors des règles (et qui précèdent généralement de 1 à 3 jours les règles), sont nommées dysménorrhées. Ces douleurs peuvent être accompagnées ou non d’autres symptômes tels que maux de tête, nausées, diarrhées, lombalgies, etc. (syndrome prémenstruel). Il existe deux types de dysménorrhée : la dysménorrhée primaire ou idiopathique, qui ne s’explique pas par une maladie gynécologique, est généralement due à une production élevée de prostaglandines qui provoquent des contractions utérines intenses et, par conséquent, des douleurs pelviennes. La dysménorrhée secondaire est due à une pathologie telle que l’endométriose, l’adénomyose ou la myomatose utérine. Il est très important, une fois de plus, d’exclure ces types de pathologies qui pourraient affecter la fertilité de la femme.
Température Basale
Il s’agit d’une méthode permettant de prédire le jour de l’ovulation et donc les jours les plus fertiles, en surveillant la température basale du corps. Pour ce faire, nous devons établir un schéma de température basale, nous devons toujours mesurer la température dans la même partie du corps, au même moment (au se réveiller), au repos, avec le même thermomètre, et enregistrer la température tous les jours, à partir du premier jour des menstruations, pendant quelques mois. La température basale augmente de 0,3 à 0,5 ºC quelques jours après l’ovulation, de sorte qu’en ayant des rapports sexuels les jours précédant l’augmentation de la température basale, la probabilité de grossesse sera plus élevée. Il serait préférable de combiner cette méthode avec une autre (glaire cervicale) afin d’avoir plus d’informations sur les jours de fertilité maximale.
Emplacement du col de l’utérus
Il peut nous donner des informations sur l’état de notre cycle. Pendant les règles, le col de l’utérus est généralement plus bas et plus dur et légèrement ouvert pour faciliter l’évacuation des saignements menstruels ; pendant l’ovulation, le col de l’utérus est plus haut et plus doux au toucher et la glaire cervicale augmente. Après l’ovulation (deuxième moitié du cycle ou phase lutéale), le col de l’utérus est à nouveau plus bas et devient plus postérieur et plus dur. Cette méthode est utile lorsqu’une femme ne parvient pas à établir un schéma dans la glaire cervicale. Elle n’est pas recommandée comme méthode de premier choix car il existe un risque de développer une infection.
Par conséquent, en connaissant ces marqueurs et en identifiant leurs altérations, nous devrions toujours consulter le spécialiste approprié afin d’écarter les maladies qui, si elles ne sont pas identifiées et traitées à temps, pourraient affecter l’état de la fertilité d’une femme, dans certains cas de manière irréversible.
Pourquoi il est important de connaître sa réserve ovarienne
La réserve ovarienne est le nombre d’ovules dont dispose une femme à un moment donné. Il est très important de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un facteur pronostique lié à la capacité d’obtenir une grossesse, que ce soit spontanément ou par fécondation in vitro.
L’âge est le facteur le plus important qui peut modifier cette réserve ovarienne, puisqu’à un âge plus avancé, il y a une diminution de la réserve ovarienne et une moins bonne qualité des ovocytes, ce qui entraîne une plus grande difficulté à avoir des enfants. Il existe également d’autres facteurs qui peuvent entraîner une diminution, voire une disparition de la réserve ovarienne et qui, dans certains cas, peuvent rendre la femme stérile, tels que : l’endométriose ovarienne, l’insuffisance ovarienne précoce, les traitements médicaux, la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, entre autres. Il existe deux façons de mesurer la réserve ovarienne, par analyse sanguine grâce à l’hormone antimüllérienne (AMH) et par échographie avec le comptage des follicules antraux. On parle de réserve ovarienne normale lorsque les valeurs de l’AMH se situent entre 0,7 et 2,9 ng/ml. Il est très important de connaître la réserve ovarienne et de pouvoir l’évaluer et l’interpréter avec un spécialiste afin d’être correctement informé des causes et des traitements possibles si nécessaire. Si une femme a une faible réserve ovarienne et n’a pas encore le désir de devenir mère, il existe des techniques de conservation des ovocytes qui, dans ces cas, seraient le traitement de choix. Si le désir de devenir mère existe, l’insémination artificielle ou la fécondation in vitro pourraient être nécessaires pour y parvenir ; en outre, si une femme a une très faible réserve ovarienne ou est âgée de plus de 42 ans, il existe des techniques telles que le don d’ovocytes qui peuvent aider ces couples à concrétiser leur désir de fonder une famille.
Dr Carlos Alvarado (n. º d’adhérent 303311276 ), gynécologue à Instituto Bernabeu