Études du cortex et du tissu ovariens. Progrès en fertilité
Bien que cette technique est relativement récente (elle a connu une évolution importante au cours des 20 dernières années), à l’heure actuelle, la préservation du cortex ovarien et sa postérieure transplantation pour récupérer la fertilité et fonction ovarienne chez des patientes oncologiques restent une procédure expérimentale. La preuve de la sécurité de la technique et de son indiscutable bienfait chez des patientes éligibles se fait de plus en plus évidente. Depuis la première naissance résultante de ces techniques en 2004, il existe aujourd’hui plus de 130 enfants nés vivants répertoriés.
Índice
- 1 Quels sont les options de préservation de la fertilité qui existent chez des patientes oncologiques?
- 2 Dans quels cas la préservation du cortex ovarien est-elle conseillée ?
- 3 En quoi consiste la cryopréservation du cortex ovarien?
- 4 En quoi consiste la transplantation du tissu ovarien? Comment ai-je pu aider la femme à avoir une descendance?
- 5 Quel est l’usage du tissu ovarien après la décongélation?
- 6 Quels sont les éventuels risques de la transplantation du tissu ovarien?
Quels sont les options de préservation de la fertilité qui existent chez des patientes oncologiques?
Il existe plusieurs options de préservation de la fertilité chez des patientes oncologiques. Le choix dépendra du type de traitement à recevoir, du type de tumeur (s’il est ou non hormono-dépendant), du temps dont nous disposons jusqu’à recevoir le traitement antinéoplasique et de l’âge :
- Agonistes de l’hormone libératrice de la gonadotrophine (ag-GnRh) : Plusieurs études (bien que controversées) décrivent l’éventuel effet protecteur des Ag-GnRH sur les follicules en croissance, contre les effets toxiques des médicaments antinéoplasiques, en raison de l’effet hypogonadotrope qu’ils produisent. Toutefois, l’évidence actuelle est de faible qualité et l’effet qui a été étudié a été à court terme.
- Oophoropexie: Surtout chez des patientes qui reçoivent une radiothérapie pelvienne, elle est un acte chirurgical qui consiste à mobiliser les ovaires dans une zone sans radiation. Elle n’est pas possible chez des patientes qui reçoivent une chimiothérapie systémique. Ses avantages sont : préserver la fertilité et maintenir la fonction ovarienne.
- Cryopréservation d’ovocytes: La plus utilisée, bien qu’elle requiert du temps pour pouvoir recevoir un traitement de stimulation ovarienne contrôlée (EOC) avant le traitement gonadotoxique. Dans les tumeurs hormono-dépendantes, des protocoles d’EOC peuvent être utilisés avec des médicaments inhibiteurs de l’aromatase, sans qu’ils n’aggravent le pronostic de la maladie et sans qu’ils ne réduisent le succès de la technique.
- Cryopréservation du cortex ovarien et transplantation postérieure
Dans quels cas la préservation du cortex ovarien est-elle conseillée ?
- Chez des filles oncologiques prépubères : À l’heure actuelle, elle est la seule option disponible pour préserver la fertilité.
- Dans la post-puberté : Chez des femmes qui ne peuvent repousser le traitement gonadotoxique ou qui ont des tumeurs où l’EOC est incompatible avec une postérieure extraction ovocytaire.
En quoi consiste la cryopréservation du cortex ovarien?
La procédure est en effet simple. Elle s’effectue par laparoscopie, en accédant à la cavité abdominale. L’ovaire est localisé et des échantillons du cortex ovarien d’une taille allant de 1 à 2 mm d’épaisseur sont prélevés avec la postérieure extraction, préparation en laboratoire et congélation des fragments obtenus.
En quoi consiste la transplantation du tissu ovarien? Comment ai-je pu aider la femme à avoir une descendance?
Après avoir reçu le traitement antinéoplasique et vaincu la maladie, de nombreuses femmes souffrent d’une insuffisance ovarienne prématurée en conséquence du traitement reçu. De ce fait, elle augmente le risque de souffrir certaines maladies, comme une pathologie cardiovasculaire ou une ostéoporose, raison pour laquelle la transplantation du cortex ovarien, préalablement préservée, pourrait restituer à ces femmes non seulement la fonction hormonale, avec la postérieure diminution de la morbimortalité secondaire à l’insuffisance ovarienne prématurée iatrogénique, mais pourrait également récupérer la fonction reproductive.
Certaines études décrivent des taux de grossesse et d’accouchement de près de 27-60% chez des patientes soumises à cette procédure. Par ailleurs, la récupération de la fonction ovarienne après la transplantation aurait une durée moyenne de 4-5 ans, mais pourrait atteindre jusqu’à 10 ans.
Quel est l’usage du tissu ovarien après la décongélation?
- Transplantation Orthotopique : Elle fait référence à la greffe du tissu ovarien préservé au même endroit où il a été extrait. Le principal avantage est qu’une grossesse naturelle pourrait être obtenue une fois la fonction récupérée.
- Transplantation hétérotopique : Réimplantation du tissu ovarien préalablement préservé dans un lieu différent de l’endroit où il a été extrait, habituellement le tissu cellulaire sous-cutané de l’abdomen, le bras ou le dos. Pour pouvoir récupérer la fertilité, il faut recourir à des traitements de reproduction assistée.
- Transplantation hétérologue : Il consiste à extraire un tissu ovarien d’une donneuse et à le greffer à une patiente qui a perdu la fonction ovarienne (traitement oncologique). Actuellement en phase d’expérimentation, la principale limite est la faible quantité de donneuses et le risque élevé d’insuffisance ovarienne précoce chez la donneuse. Il existe des études avec des résultats satisfaisants chez les femmes dont les donneuses sont leurs sœurs jumelles.
Quels sont les éventuels risques de la transplantation du tissu ovarien?
Il existe des risques issus de l’intervention chirurgicale (saignement, infection), des risques liés à l’anesthésie et un risque théorique qui est celui de réintroduire des cellules malignes en greffant le tissu ovarien, surtout chez des patientes atteintes de leucémie, chez lesquelles l’extraction de cortex ovarien a été proposé après un cycle de chimiothérapie, potentiellement suffisant pour réduire les cellules malignes circulantes, mais sans compromettre excessivement la fonction ovarienne. Bien que l’application de cette technique chez ces patientes n’est pas définie.
L’un des autres risques est le manque de revascularisation du tissu greffé, ce qui peut mener à sa perte. Pour ce motif, de multiples greffes de cortex ovarien peuvent être réalisées jusqu’à rétablir la fonction hormonale et, si possible, la fonction reproductive.
Enfin, la cryopréservation du tissu ovarien avec sa transplantation postérieure cessera d’être un traitement expérimental et pourra être appliquée en toute sécurité avec des critères d’éligibilité adéquats et des protocoles spécifiques. De ce fait, la Société américaine de médecine reproductive (ASMR) a récemment retiré cette technique de la catégorie expérimentale.
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Dr. Andrea Bernabeu, gynécologue à l’Instituto Bernabeu
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